edito du president

Une 17ème faculté d’odontologie ?

La région Centre-Val de Loire, située dans la « diagonale des faibles densités », est particulièrement impactée par la pénurie de professionnels de santé. La démographie des chirurgiens-dentistes n’échappe
pas à cette conjoncture. En 2013, l’Observatoire Régional de la Santé de la région pointait une densité de chirurgiens-dentistes (CD) de 45/100 000 vs 67/100 000 pour la moyenne nationale. Parmi les 1 302 CD inscrits à l’ordre en 2019, 42,7 % ont plus de 55 ans et l’âge moyen est de 49 ans (51 ans dans l’Indre).

Une étude de la démographie des CD réalisée en 2018 par notre URPS montre que l’érosion se poursuit
et les rares installations sont loin de compenser les départs en retraite.
Au-delà des inégalités territoriales fortes de l’offre de soins, pérenniser un cabinet dentaire lors du départ à la retraite d’un praticien est devenu un véritable enjeu de santé publique. Les instances ordinales régionales estiment qu’il faudrait 500 praticiens de plus pour rendre l’accès aux soins satisfaisant.
Les études IIRSO de 2017 et de 2018 montrent clairement que pour la population, quelle que soit la tranche d’âge, l’absence de CD traitant est liée aux départs à la retraite non compensés. L’organisation de la relation patient-CD qui ressort de ce travail repose sur une entente réciproque de confiance. La rupture de cette chaîne va nécessairement conduire à des dysfonctionnements imprévisibles. Privilégier une reprise de cabinets peut répondre, pour la région, à une politique de démographie professionnelle réaliste.
Repenser l’organisation de l’enseignement de l’odontologie sur notre région, repenser l’organisation des formations initiales cliniques en se reposant sur un tutorat libéral, décentralisé et repenser les objectifs et cibles du contrat d’engagement du service public pourraient, en l’état actuel, remédier temporairement à ce dysfonctionnement. Cet investissement est nécessaire pour maintenir une médecine dentaire dans une logique ambulatoire et libérale. Pour répondre à ces objectifs, nous avons décidé d’initier, puis de coordonner une politique novatrice et volontaire d’accueil d’étudiants
en odontologie. Dans cette optique, votre URPS a soutenu :
En 2016, la création de l’antenne hospitalo-universitaire d’Orléans dirigée par le Dr Charlotte Gallazini, praticien hospitalier et spécialiste qualifiée en médecine bucco-dentaire. Le Dr Gallazini accueille dans son service 8 à 12 étudiants de 6ème année par semestre de Nantes et bientôt des étudiants de Clermont-Ferrand. Ces étudiants sont incités à effectuer leur stage actif dans notre région. Cette activité est soutenue par dix praticiens attachés, CD du secteur libéral.
En septembre 2018, la création d’une seconde antenne universitaire à Tours, dirigée par le Dr Frédéric Denis, MCU/PH. Chaque année sont accueillis 15 à 25 étudiants de 6ème année par semestre. Comme pour Orléans, nous avons financé l’achat d’une caméra d’empreinte optique et participons au financement du logement des étudiants, ainsi qu’à bien d’autres choses.
Cependant les étudiants qui nous sont confiés par les UFR d’odontologie ne restent que trop peu pour se familiariser avec notre territoire. De plus, nous ne pouvons maîtriser le nombre effectif d’étudiants affectés à nos antennes universitaires.
La carte ci-jointe reprend la répartition géographique des facultés d’odontologie sur le territoire national. Le Centre- Val de Loire se trouve au milieu d’une diagonale du vide que l’on peut superposer avec la cartographie des zones les moins dotées en praticiens. Au regard de notre expérience et des besoins en santé publique des habitants de la région, il est maintenant évident que pour répondre au besoin minimal de remplacement des praticiens partant à la retraite, il est impératif que nous puissions offrir aux étudiants de notre région une formation universitaire complète sur l’ensemble du territoire régional.

Notre URPS se prononce donc clairement pour la création d’une 17ème faculté d’Odontologie en Centre-Val de Loire. Nous y travaillons dès à présent avec l’ensemble de nos fidèles partenaires que sont l’Université, les hôpitaux, les collectivités territoriales, l’ARS et les ministères concernés.


Bruno MEYMANDI – NEJAD,
Président de l’URPS Chirurgiens-Dentistes